AGROECO’VAL

La transition vers l’agroécologie est un processus complexe, multidimensionnel, s’inscrivant dans le temps long. Cette transition s’opère au travers d’une co-évolution des techniques, des préférences des consommateurs, des connaissances, des infrastructures productives et de distribution, des institutions et politiques. L’inscription de l’agroécologie dans la législation française au début des années 2010 (lois n° 2014-1170 et n° 2021-1104) témoigne d’un avancement significatif dans ce processus de transition, dont le soutien public se concentre sur la construction de nouvelles connaissances à l’échelle des exploitations agricoles. Le projet agroécologique pour la France (PAEF) lancé par le Ministre de l’Agriculture S. Le Foll s’est inscrit dans deux dispositifs phares Produire Autrement et Enseigner Autrement).

En revanche, la structuration des filières et l’évolution des préférences des consommateurs, n’ont pas fait l’objet de mesures de soutien spécifiques. La question de la manière d’accompagner cette transition à l’échelle des filières reste entière. D’autant plus que l’élargissement des enjeux de l’agroécologie à l’échelle des systèmes alimentaires nécessite le développement d’innovations couplées entre l’amont et l’aval des filières.

La question de la structuration de filières agroécologiques est elle-même complexe car les filières sont diverses en termes de taille, d’étendue géographique, de nombre d’opérateurs impliqués, de modes de coordination favorisant ou non le partage des connaissances et d’investissements de long terme, de contraintes rencontrées et de pression du marché. Les filières agricoles regroupent une diversité d’acteurs et de types de productions végétales et animales, dont les spécificités et contextes de développement influencent aussi leur capacité à s’approprier les principes agroécologiques face aux nombreux verrouillages qui prévalent dans le secteur. Il n’existe pas aujourd’hui de certification officielle publique relative à l’agroécologie. 

L’agriculture biologique et la certification environnementale (HVE) rentrent dans ce périmètre, mais l’HVE fait l’objet de nombreux débats par rapport au paradigme d’une agroécologie forte. Les chemins de développement de l’agroécologie au sein des filières sont donc potentiellement divers. Les nombreuses initiatives existantes associées à des signes officiels de la qualité et de l’origine ou d’autres mentions valorisantes, témoignent de la volonté d’opérateurs de se différencier sur le marché et sont susceptibles de contribuer à cette transition vers l’agroécologie
Ce projet vise donc à comprendre comment des démarches de filières vers l’agroécologie se structurent et se déploient aujourd’hui en France. 

Le groupe de travail associe des chercheurs de différentes disciplines, dont des chercheurs d’INRAE animateurs de groupes filières (GF), et un chercheur de la chaire In’Faaq t s’intéressant aux démarches de signes de qualité du secteur agroalimentaire. L’objectif du projet est d’analyser une dizaine de démarches de filières en faveur de l’agroécologie hors AB (en France) considérées comme des niches d’innovation (i.e. des réseaux d’acteurs orientés vers des innovations agroécologiques). 
Ce travail vise à consolider un cadre heuristique des processus de transition à l’échelle des filières, croisant principalement les apports des Transitions Studies (et en particulier relatif au développement des niches d’innovation) ; de la théorie des coûts de transaction et de signalisation de la qualité sur le marché ; et plus largement, de l’économie et sociologie de l’innovation.