Utilisation des réseaux trophiques des sols, d’une approche basée sur les traits fonctionnels et d’une évaluation socio-économique pour identifier des systèmes de culture durables en contexte méditerranéen
Le projet TROFIC vise dans un premier temps à identifier des pratiques agricoles alternatives bénéfiques à la biodiversité des sols d’agrosystèmes méditerranéens. Dans un second temps, sur la base de scénarios socio-économiques intégrant les pratiques sélectionnées, le projet évaluera dans quelle mesure les agriculteurs sont prêts à adopter ces pratiques.
Objectifs
- Évaluer l’effet de pratiques agricoles alternatives en agrosystèmes méditerranéens sur la biodiversité des sols et leurs fonctions associées.
- Mettre en place une approche fonctionnelle combinant une étude multi-taxons par traits fonctionnels.
- Déterminer des scénarios socio-économiques intégrant les pratiques identifiées comme favorables à la biodiversité des sols et évaluer dans quelle mesure les agriculteurs sont prêts à adopter ces pratiques.
Principaux résultats
- Caractéristiques détaillées des itinéraires techniques pour chaque site.
- Traits fonctionnels pour les taxons suivants :
- Coléoptères carabiques : développement allaire, régime alimentaire, taille du corps
- Fourmis : Taille du corps, activité circadienne
- Araignées : taille du corps, stratégie de chasse, activité circadienne et dispersion passive
- Les communautés fonctionnelles de la macrofaune du sol sont associées à des milieux plus stables dans les systèmes amendés et moins travaillés.
- Cependant, les effets des pratiques sont difficiles à dissocier de l’effet du type de cuture. A ce stade, d’autres analyses doivent être affinées.
- Recensement des pratiques (itinéraires techniques)
- Sélection de traits fonctionnels
- Calculs d’indices fonctionnels à comparer selon les différentes pratiques
- Reconstruction et analyse des réseaux d’interaction trophique des communautés de la faune du sol (à partir de données de séquençage de l’ADN environnemental du sol)
- Enquête par questionnaire auprès des agriculteurs pour analyser l’ensemble de leurs motivations et mieux comprendre la manière dont ils appréhendent la biodiversité.
CIVAM
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- Jérôme CORTET [Ecologie], UMR CEFE, équipe ESA, UPVM
- Sébastien ROUSSEL [Economie], CEE-M
- Benjamin PEY [Ecologie], LEFE, équipe Ecobiz, AgroToulouse
- Mickael HEDDE [Ecologie], UMR Eco&Sols, INRAE
- Alan VERGNES [Ecologie], UMR CEFE, équipe ESA, UPVM
Publications
Delcourt N., Senecal J., Cortet J., Prieto-Fernandez A., Monterosso-Martinez M.C., Rodriguez-Garrido B., Trasar-Cepeda C., Vergnes A. (in prep). Taxonomic and functional responses of ground beetle beetles communities in maize crop under different agricultural management.
Communications
- Delcourt N., Vergnes A., Hedde M., Pey B., Cortet J. Using soil functional trait-based approach to assess best-management practices in Mediterranean cropping systems. Congrès international SFE2, Lyon, France, novembre 2024.
- Delcourt N., Hedde M., Pey B., Vergnes A., Cortet J. Utilisation des réseaux trophiques des sols, d’une approche basée sur les traits fonctionnels et d’une évaluation socio-économique pour identifier des systèmes de cultures durables en contexte méditerranéen. Journée TEBIS (Traits Ecologiques Biologiques des organismes du Sol), Montpellier, France, octobre 2024.
Consulter la présentation initiale du projet
L’objectif du projet TROFIC consiste, dans un premier temps, à évaluer l’effet de pratiques agricoles alternatives en agrosystèmes méditerranéens sur la biodiversité des sols et leurs fonctions associées (e.g. régulation du cycle du carbone et de la disponibilité des nutriments, biocontrôle). Le projet essaiera de comprendre (i) comment les communautés de la faune du sol répondent aux différentes pratiques et (ii) comment ces pratiques influencent les liens biodiversité-fonction. Dans un second temps, et sur la base des résultats acquis relatifs aux questions mentionnées précédemment, le projet essaiera (iii) de déterminer des scénarios socio-économiques intégrant les pratiques identifiées comme favorables à la biodiversité des sols, et d’évaluer, au regard de ces scénarios, dans quelle mesure les agriculteurs sont prêts à adopter ces pratiques. En d’autres termes, le projet évaluera comment les agriculteurs pourraient être accompagnés (e.g., appui technique, compensation financière lié aux changements de pratiques) pour rendre ces changements acceptables.
Un premier temps de l’analyse se focalisera sur les propriétés fonctionnelles des communautés basées sur l’utilisation de traits fonctionnels (i.e., propriétés morphologiques, physiologiques, comportementales ou liées à leur cycle de vie). Cette approche fonctionnelle permet de dépasser les limites taxonomiques entre organismes (e.g., araignée ou collemboles) et d’identifier plus facilement les processus impliqués dans la réponse des organismes à son environnement (e.g., prédation/interaction, dispersion) et de mieux faire le lien entre les réponses des communautés et le fonctionnement de l’écosystème. Par ailleurs, plusieurs études ont récemment proposé d’appréhender la biodiversité des sols par la description fonctionnelle des réseaux trophiques, par le biais des traits d’interaction de ces composants. Ainsi, dans un deuxième temps d’analyse, une approche par reconstruction des réseaux d’interactions trophiques sur la base de groupes trophiques (groupes d’organismes partageant une même ressource et les mêmes consommateurs) et de leurs interactions potentielles sera mise à l’épreuve afin de mettre en évidence les effets des pratiques sur les réseaux d’interactions et leurs potentiels effets sur le fonctionnement du sol. Elle pourrait permettre de mieux relier la biodiversité des sols aux différentes fonctions environnementales du sol à la base des services écosystémiques (e.g., gestion du carbone à travers la préservation de la matière organique qui est à la base des réseaux trophiques, biocontrôle des ravageurs par de nombreux organismes du sol).
Nous chercherons ensuite à comprendre la décision des agriculteurs d’adopter ou non ces pratiques. L’évaluation des coûts et bénéfices des pratiques sélectionnées dans la première partie permettra de concevoir différents scenarios de contrats agri-environnementaux (e.g. paiements, en échange de l’adoption de pratiques sélectionnées). Les agriculteurs pourraient adopter ces pratiques agroécologiques innovantes en fonction d’un ensemble de motivations. Premièrement, une motivation initiale serait de faire face au changement climatique en ce qui concerne la durabilité de leur activité agricole. Deuxièmement, ils peuvent fournir des services environnementaux liés à des pratiques innovantes, puis recevoir un paiement du type Paiements pour Services Environnementaux (PSE). Troisièmement, ils adopteraient des pratiques innovantes en fonction de motivations pro-environnementales pour protéger l’environnement.