Innovations organisationnelles et institutionnelles dans la reconfiguration des ressources productives des transitions agroécologiques
La transition est définie par la littérature des transitions studies comme une transformation du régime sociotechnique ; c’est-à-dire, une transformation des règles collectives façonnant les interactions de différents groupes sociaux –producteurs, transformateurs, politiques, consommateurs, etc.– d’un secteur. Si les pratiques agroécologiques ont acquis une légitimé scientifique, leur acceptabilité économique, politique et sociale reste à construire. Ins-TAE vise à analyse les logiques d’acteurs, leurs contributions à l’élaboration de nouvelles règles favorables à la diffusion de pratiques agroécologiques et à la transformation du régime agroindustriel. Il s’appuie sur une approche originale mobilisant l’économie institutionnelle et les sciences juridiques.
Objectifs
- Faire dialoguer et articuler, au sein d’un cadre d’analyse, les développements conceptuels effectués par les différents membres du projet au service d’une capacité renforcée à éclairer le rôle de l’action collective dans les transitions.
- Approfondir et comparer des études de cas sur les filières bovines laitières et les filières légumineuses.
Principaux résultats
- Consolidation d’une typologie dynamique des différents types de règles (cadre réglementaire européen et national; politiques publiques ; règles et normes professionnelles et interprofessionnelles ; identités territoriales… ) et de leurs arrangements affectant le processus régional de transition
- Analyse comparée des 12 relations contractuelles identifiées.
- Renforcement du collectif de chercheurs travaillant sur l’enrichissement institutionnaliste des transitions studies.
- Croisement d’approches conceptuelles complémentaires autour d’un même objet
- Elaboration d’un cadre heuristique
- Identification d’indicateurs et création d’une typologie dynamique des catégories de règles
- Etudes de cas de filières (matériau capitalisé et compléments d’enquête amont/aval)
- Codage thématique
- Un historique de collaboration scientifique à renforcer et valoriser (TerrAELAIT, JRSS 2021)
- Des partenariats professionnels: CRIEL/CNIEL, Institut de l’élevage, Terres UNIVIA
Région Occitanie
- Marie DERVILLE [Économie], UMR LEREPS, IEP Toulouse
- Lucas BETTONI [Droit], Centre de droit des affaires, Université Toulouse-Capitole
- Mélise BOURELLEC, UMR AGIR, équipe Odycée, EI-Purpan Toulouse
- Marie-Benoît MAGRINI [Économie], UMR AGIR, équipe Odycée, INRAE Toulouse
- Geneviève NGUYEN [Économie], UMR AGIR, équipe Odycée, INRAE Toulouse
Publications
- Bracarense N., Dervillé M. (submit). Strategic leverages for French dairy farms in a context of uncertainty.
Communications
- Présentation des objectifs du projet Ins-TAE lors de la restitution de l’étude de cas TerrAElait devat le bureau de l’interprofession laitière régionale (CRIEL – Cilait Sud), 12 janvier 2024.
- Présentation du projet à l’occasion de l’Agora de la recherche de l’ENSFEA, 30 mai 2024.
- Guimaraes A., Bouroullec M., Dervillé M., Nguyen G., Bettoni L., Magrini M.B. Contractual arragements as a driver for transforming sectoral regulation towards sustainability: the case of the dairy sector in France. Conférence internationale Food and Agribusiness Managemet Association (IFAMA), Brésil, juin 2025.
- Guerrieri F., Dervillé M. Diving in complexity: a commons approach to the long-term governance of tangible, intangible and hybrid ressources embedded in the Aubrac agroecosystem. The 20th Biennal Conference of the International Association for the Study of the Commons, Etats-Unis, juin 2025.
Formations
- Certaines innovations contractuelles ont été mobilisées à l’occasion des ateliers de formation des enseignants de l’enseignement agricole dans le cadre de la rénovation du BTSA ACS’AGRI, mai et octobre 2024.
- Développement d’une formation sur le rôle des contrats dans les transitions agricoles et le partage de la Valeur, mars 2025.
Consulter la présentation initiale du projet
La production de nouvelles connaissances scientifiques (rapport du GIEC notamment) est insuffisante à impulser un changement d’ampleur. Dans le domaine agricole, si les pratiques agroécologiques ont acquis une légitimé scientifique, leur acceptabilité économique, politique et sociale reste à construire. Dans cet objectif, le projet vise à structurer, éprouver et mettre en lumière différents outils heuristiques des sciences sociales pour comprendre et accompagner la transformation de collectifs (sectoriels, territoriaux, entrepreneuriaux et étatiques) plus ou moins formalisés (du réseau à l’organisation en passant par les communautés professionnelles) permettant l’incorporation, par une diversité d’individus, de nouvelles façons de penser et d’agir.
Ce projet s’appuie sur un rapprochement entre sciences économiques et juridiques pour construire une approche originale du rôle de la transformation des règles de différents types (réglementations européennes et nationales, politiques publiques, normes et organisations professionnelles et interprofessionnelles, identités régionales…) et de leurs arrangements dans les transitions agroécologiques. En effet, si la littérature des transitions studies définit la transition comme une transformation des règles collectives façonnant les interactions de différents groupes sociaux (producteurs, transformateurs, politiques, consommateurs…) d’un secteur, les cadres heuristiques de cette littérature ne permettent pas une analyse approfondie des règles. En outre, peu de travaux se sont intéressés aux transitions agroécologiques. Le projet Ins-TAE vise donc à enrichir ces approches transitions en mobilisant l’économie institutionnelle et les sciences juridiques pour construire une analyse des règles opérantes, car combinant dimensions réglementaires, normatives et cognitives. Au travers de ce cadre, nous analyserons comment les acteurs agricoles font évoluer leurs organisations et leurs interactions et s’appuient sur et co-construisent de nouvelles règles, engageant la restructuration des ressources productives.
Concrètement, le projet a 6 objectifs à court et moyen termes :
1) la structuration d’un collectif toulousain de chercheurs en sciences sociales aptes à appréhender le rôle du changement institutionnel dans les transitions;
2) la stabilisation d’un cadre heuristique institutionnel des transitions, un cadre à la fois synthétique des contributions des sciences juridiques et économiques et opérant (la représentation ainsi construite favorisant l’action);
3) la mise en œuvre du cadre permet une explicitation dur rôle des différents types de règles (cadre réglementaire européen et national; politiques publiques ; règles et normes professionnelles et interprofessionnelles ; identités territoriales ) et de leurs arrangements affectant le processus régional de transition
4) la mise en œuvre du cadre conduit à l’identification de leviers d’action concrets dans des filières contrastés au regard des enjeux de transitions (lait entre tension et reconfiguration et légumineuses en essor);
5) la valorisation de cette expertise régionale dans différentes communautés scientifiques nationales (SFER, AFEP) et internationales (STRN, IFAMA, ecological economics…)
6) l’enrichissement de travaux interdisciplinaires (avec sciences biotechniques) dans le cadre de projets en cours ou à venir.