Ins-TAE

La production de nouvelles connaissances scientifiques (rapport du GIEC notamment) est insuffisante à impulser un changement d’ampleur. Dans le domaine agricole, si les pratiques agroécologiques ont acquis une légitimé scientifique, leur acceptabilité économique, politique et sociale reste à construire. Dans cet objectif, le projet vise à structurer, éprouver et mettre en lumière différents outils heuristiques des sciences sociales pour comprendre et accompagner la transformation de collectifs (sectoriels, territoriaux, entrepreneuriaux et étatiques) plus ou moins formalisé (du réseau à l’organisation en passant par les communautés professionnelles) permettant l’incorporation, par une diversité d’individus, de nouvelles façons de penser et d’agir.

Ce projet s’appuie sur un rapprochement entre sciences économiques et juridiques pour construire une approche originale du rôle de la transformation des règles de différents types (réglementations européennes et nationales, politiques publiques, normes et organisations professionnelles et interprofessionnelles, identités régionales…) et de leurs arrangements dans les transitions agroécologiques. En effet, si la littérature des transitions studies définit la transition comme une transformation des règles collectives façonnant les interactions de différents groupes sociaux (producteurs, transformateurs, politiques, consommateurs…) d’un secteur (e.g. Geels 2004), les cadres heuristiques de cette littérature ne permettent pas une analyse approfondie des règles. En outre, peu de travaux se sont intéressés aux transitions agroécologiques. Le projet InsTaé vise donc à enrichir ces approches transitions en mobilisant l’économie institutionnelle et les sciences juridiques pour construire une analyse des règles opérantes, car combinant dimensions réglementaires, normatives et cognitives (e.g. Scott, 2013). Au travers de ce cadre, nous analyserons comment les acteurs agricoles font évoluer leurs organisations et leurs interactions et s’appuient sur et co-construisent de nouvelles règles, engageant la restructuration des ressources productives.

Concrètement, le projet a 6 objectifs à court et moyen termes : 
1) la structuration d’un collectif toulousain de chercheurs en sciences sociales aptes à appréhender le rôle du changement institutionnel dans les transitions;
2) la stabilisation d’un cadre heuristique institutionnel des transitions, un cadre à la fois synthétique des contributions des sciences juridiques et économiques et opérant (la représentation ainsi construite favorisant l’action);
3) la mise en œuvre du cadre permet une explicitation dur rôle des différents types de règles (cadre réglementaire européen et national; politiques publiques ; règles et normes professionnelles et interprofessionnelles ; identités territoriales ) et de leurs arrangements affectant le processus régional de transition
4) la mise en œuvre du cadre conduit à l’identification de leviers d’action concrets dans des filières contrastés au regard des enjeux de transitions (lait entre tension et reconfiguration et légumineuses en essor);
5) la valorisation de cette expertise régionale dans différentes communautés scientifiques nationales (SFER, AFEP) et internationales (STRN, IFAMA, ecological economics…)
6) l’enrichissement de travaux interdisciplinaires (avec sciences biotechniques) dans le cadre de projets en cours ou à venir.