Les politiques publiques territorialisées pour la transition agroécologique : quels effets sur les changements de pratiques des agriculteurs ?
Le cas des GIEE en Occitanie.
L’agroécologie est apparue comme référentiel de la politique agricole française à partir de 2012. Ceci s’est concrétisé en 2014 par la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt qui institue la création des Groupements d’intérêts économique et environnemental, les GIEE. Ces collectifs de pairs visent à tester des pratiques agroécologiques puis à capitaliser les connaissances produites. Généralement ancrés dans un espace géographique restreint, ces collectifs favorisant le changement vers des pratiques agricoles plus durables sont en cohérence avec le caractère situé des transitions (institutions locales, réseau d’acteurs du territoire et ressources locales). Ce projet vise donc à mieux comprendre comment ces dispositifs collectifs peuvent soutenir l’engagement d’agriculteurs dans la transition agroécologique, contribuer à favoriser les transitions et participer au caractère situé de celles-ci. Il interroge également les limites de ces dispositifs en se fondant sur des données recueillies auprès de membres et de non-membres de GIEE.
Objectifs
- Analyser l’ancrage territorial (en termes de ressources et d’acteurs) des GIEE et en quoi celui-ci est-il un support aux changements de pratiques des agriculteurs.
- Repérer les éléments de convergence et/ou les décalages entre l’agroécologie politique et celle des pratiques.
- Examiner les dispositifs tels que les GIEE sous l’angle de la justice spatiale (en termes d’accès à l’information, à la connaissance).
Principaux résultats
- Connaissance quant aux ressources pour la transition fournies et produites par les GIEE et sur l’importance de ces ressources dans la transition des exploitations
- Les GIEE contribuent indéniablement à l’apport de ressources immatérielles -conseil, formation, soutien- aux agriculteurs pour mettre en œuvre la transition dans leur exploitation, venant conforter des trajectoires de changement déjà impulsées avant leur entrée dans un GIEE.
- Les GIEE peuvent jouer un rôle d’intermédiaire d’innovation en favorisant à la fois l’échange de savoirs à l’échelle locale et la mise en lien avec des experts nationaux porteurs de connaissances spécifiques et pointues.
- Connaissances des points de vue/attentes autour de l’agroécologie des agriculteurs non inscrits dans les dispositifs
- Les agriculteurs ne se reposent que partiellement sur ce type de dispositif pour acquérir des ressources et continuent à mobiliser d’autres sources pour avancer sur d’autres thèmes ou pallier les défaillances des GIEE. Les agriculteurs qui ne sont pas membre de GIEE parviennent également à trouver en dehors de ces dispositifs des interlocuteurs et ressources pour mettre en œuvre le changement.
- Analyse des dispositifs sous l’angle de la justice, de l’inégalité d’accès
- L’apport des ressources est très variable d’un GIEE à l’autre. Cette différence semble s’expliquer par des différences de dynamique du groupe -animation, homogénéité du groupe, préexistence de liens entre les membres, etc.-.
- Recherche par méthode mixte : narrations quantifiées
- Questionnaire en ligne
- Entretiens semi-directif
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- Lozère : GIEE Lait Challenge et chambre d’agriculture
- Ariège : GIEE Opti’prairies et chambre d’agriculture
- Amélie GONCALVES [Économie], UMR AGIR, équipe Odycee, INRAE Toulouse
- Julien FRAYSSIGNES [Géographie], UMR LISST, équipe Dynamiques rurales, EI-Purpan Toulouse
Publications
à venir prochainement
Communications
- Leloup H., Gonçalves A., Moraine M. Institutional agroecology at the practice level: the case of economic and environmental interest groups (GIEE) in France. 3rd European Rural Geographies Conference « Rural Geographies in tranistion », Groninguen, Pays-Bas, 26-29 juin 2023.
- Restituions des résultats auprès du GIEE Lait Challenges, 30 novembre 2023.
- Présentations et mise en discussion lors de séminaires d’unités.
Perspectives
- Comparaison à mener avec des agriculteurs non-membres de GIEE mais en transition sur le territoire pour renforcer l’analyse du rôle de ces dispositifs et leur éventuelle spécificités.
- Accroissement du nombre de cas d’études et de leur diversité pour éventuellement révéler une diversité de dynamiques et de formes de contribution de ces dispositifs à la transition agroécologique.
Consulter la présentation initiale du projet
Ce projet post-doctoral interroge les effets des dispositifs publics territorialisés pour la transition agroécologique, plus spécifiquement les GIEE (Groupement d’Intérêt Economique et Environnementale), sur les pratiques des agriculteurs. Il s’articule autour de trois dimensions révélatrices des résultats de ces politiques.
La première dimension est territoriale : nous cherchons à identifier les composantes du territoire pouvant contribuer à la réussite des GIEE et la manière dont les GIEE contribuent en retour à la production de nouvelles ressources (en particulier de connaissances) pour favoriser le changement de pratiques agricoles dans les exploitations et les territoires.
La seconde dimension est celle des représentations de la transition agroécologique (TAE). Nous nous demandons si les représentations de l’agroécologie portées par les politiques publiques rejoignent celles des agriculteurs dans leurs pratiques quotidiennes?
Nous abordons également la dimension de la justice spatiale, en étudiant les éventuelles inégalités d’accès aux ressources pour le changement. Les modes de production de connaissances au sein de ces dispositifs et la diffusion de ces connaissances génèrent-ils des inégalités ?
En interrogeant des agriculteurs membres et non-membres de GIEE, nous nous appuyons sur un travail empirique plaçant l’agriculteur au cœur de la méthodologie. Ce travail est mené en région Occitanie – en particulier dans les départements de l’Ariège et de la Lozère – autour des filières d’élevage.