Retour sur le stage «  Vers une autonomisation et une écologisation du système alimentaire toulousain : quelle diversité des visions de transition ? »

L’hypothèse principale du travail est que tous les acteurs affichent la volonté d’aller vers un système alimentaire moins dépendant de l’extérieur et plus écologique, mais que dans la réalité, l’un ou l’autre de ces objectifs est privilégié.

La méthodologie développée dans le projet ECAUSAI allie analyse quantitative et qualitative, ce qui permet d’apporter une vision plus claire des nœuds et points de blocage associés aux différences de perception et d’intérêt des différents acteurs du territoire. Elle met également en évidence des pistes éventuelles pour trouver un chemin de transition commun des systèmes alimentaires.

L’étude menée par Zoé Bélinger a permis de mettre en évidence la diversité des imaginaires portés par les différents types d’acteurs impliqués dans le système alimentaire métropolitain de Toulouse. L’une des originalités de la méthodologie réside dans l’usage d’une approche par controverses, qui permet de faire émerger les visions directement à partir des pratiques et débats de terrain, plutôt que de s’appuyer sur des conceptions théoriques préformatées. L’alliance du quantitatif et du qualitatif a permis de former des groupes de visions robustes statistiquement, d’où a découlé une analyse plus fine des caractéristiques de chaque groupe en se concentrant sur le qualitatif. Cette double analyse met en évidence trois visions de la transition alimentaire : l’une centrée sur le marché et les dynamiques économiques, une autre approche plus institutionnelle et structurelle valorisant le rôle des politiques publiques, et enfin une approche sociale et systémique, articulant la justice alimentaire avec la relocalisation. Ces visions soulignent à la fois des convergences (notamment autour de l’éducation alimentaire, de la promotion de circuits courts et de la transformation de la restauration collective) et des divergences, notamment sur la définition du « local », la végétalisation de l’alimentation et le rôle des consommateurs dans la transition.

Sur le territoire de Toulouse, les acteurs ont globalement conscience de l’enjeu d’écologisation du système alimentaire, et des moyens à mettre en place pour y répondre. En revanche, l’enjeu d’autonomie du territoire est davantage perçu sous le prisme du développement économique local que comme un objectif clair et défini d’autosuffisance alimentaire. Cette vision s’explique notamment par les limites floues du bassin toulousain et la facilité d’approvisionnement de la métropole avec des régions voisines que l’on ne retrouve pas dans les contextes insulaires. Ainsi, si les acteurs du territoire considèrent la double transition comme nécessaire et souhaitable, elle n’en reste pas moins à l’état d’intention. La répartition des rôles entre les acteurs et leur implication dans la transition sont des enjeux qui ne sont pas partagés unanimement et qui entraînent une série de blocages. La double transition parait donc atteignable, mais implique une coordination et une coopération plus poussée des acteurs pour s’enclencher.  

Ces résultats ouvrent sur plusieurs pistes pour approfondir la réflexion. Il serait pertinent de pousser la comparaison entre différents cas d’étude, d’élargir le panel d’acteurs interrogés sur les territoires et de reproduire cette méthodologie dans d’autres grandes métropoles ou dans des régions présentant une forte identité alimentaire. Ces approfondissements permettraient de mieux comprendre les conditions nécessaires à une transition alimentaire durable, qu’elle se fasse dans des territoires insulaires comme métropolitains.

Si les résultats du projet ECAUSAI (en cours de publication) vous intéressent, merci de contacter contact-octaave@agropolis.fr