VALPRAAE

Les conditions d’élevage des animaux interpellent aujourd’hui l’ensemble de la société, à la fois les professionnels (éleveurs et filière de production), les consommateurs et les associations de défense de la cause animale. Les élevages de monogastriques (porcs, lapins, volailles) en claustration sont les plus critiqués par les consommateurs, plus particulièrement si les animaux ne sont pas élevés au sol et de surcroît s’ils sont en cages, et que les effectifs sont importants. Ces élevages se caractérisent par une productivité animale très importante.

L’augmentation des performances de ces élevages s’est faite au prix d’une déconnexion de plus en plus marquée avec les agro-écosystèmes locaux et le territoire. Ces élevages, le plus souvent spécialisés et insérés dans des filières longues de production et de commercialisation, sont actuellement interpellés par le déploiement de l’agroécologie et semblent a priori peu compatibles avec ses principes (lien de la production au territoire, connexion végétal / animal, bouclage des cycles, diversité…). Pourtant des initiatives émergent, dans ou en dehors du cadre de l’agriculture biologique. Ces éleveurs, parfois pionniers, ont des profils très variés en termes de formation et d’aspirations personnelles et professionnelles. En effet, la standardisation des pratiques, très encadrée d’un point de vue technique (conseillers, firmes services, vétérinaires), qui a soutenu le développement des élevages hors sol, n’est plus adaptée dans les élevages qui doivent faire avec le milieu extérieur (social et pédoclimatique). Nous faisons l’hypothèse qu’une meilleure connaissance de ces systèmes agroécologiques innovants et des raisons pour lesquelles ils ont été implémentés, des éventuels compromis qui ont été nécessaires pour leur mise en œuvre (dimension « changement d’échelle et compromis ») pourrait conduire à l’identification de voies de transition pour les élevages d’animaux monogastriques.

Accompagner la transition des élevages implique d’abord de cerner précisément les freins et les leviers de la transition (Lusson et Coquil 2016), les motivations à « changer de système » (Lamine 2012) et donc d’avoir une image précise des raisons pour lesquelles les « personnes font ce qu’elles font » (Brossier et Petit 1977; Darré et Chauveau 1996; Cochet, Devienne et Dufumier 2007).

Dans ce contexte, l’ambition du projet d’analyser l’articulation entre valeurs, objectifs et pratiques des éleveurs. Ce travail post-doctoral doit permettre de définir des chemins d’innovation pour des systèmes d’élevage agroécologiques qui mettent en cohérence les sous-systèmes décisionnels et biotechniques pour divers profils d’éleveurs. Ces résultats seront utilisés pour élaborer un jeu sérieux destiné à faciliter l’accompagnement de la transition. Ce jeu sérieux permettra aux joueurs (éleveurs, conseillers, apprenants) de raisonner la conception de systèmes d’élevage cunicoles et porcins  agroécologiques.