Impacts des initiatives SSA

Nos systèmes agri-alimentaires (SAA) sont traversés par de multiples coûts environnementaux, socio-économiques (p. ex. précarité alimentaire, précarité du travail dans le SAA), sanitaires et politiques. Ces coûts appelle à de profondes transformations des SAA. De nombreux travaux pointent la transition agroécologique (TAE) et le développement de SAA territorialisés (SAAT) comme des leviers majeurs de transformations. Parmi les leviers pour la TAE et des SAAT, les innovations sociales et organisationnelles sont particulièrement mobilisées par la société civile, prometteuses et l’objet d’une importante littérature scientifique. L’enjeu autour de ces innovations est de faire la preuve des possibles et le cas échéant de penser les modalités de leur changement d’échelle.
 
Le changement d’échelle de ces initiatives bute néanmoins sur des verrous, notamment en termes d’inclusion sociale et spatiale : les produits ne sont pas accessibles économiquement, les préoccupations sociales ne sont que partiellement intégrées (ou pas dès les phases initiales), les nouvelles formes requises de coopérations entre acteurs du SAAT peuvent être sous-estimées. Ici, la durabilité est difficilement pensée de façon multidimensionnelle, invitant à travailler davantage cette question de l’impact collectif d’initiatives œuvrant sur un même territoire.
               
Le champ de la précarité alimentaire et des moyens d’y remédier trouve depuis la crise sanitaire et son amplification en France, un écho particulier dans  des innovations sociales, s’essayant à penser le champ très codifié de «l’aide alimentaire » selon un nouveau paradigme, davantage axé sur la question du droit à l’alimentation et de l’émancipation des personnes. Ainsi, de nouvelles initiatives, associatives, multi-acteurs, territoriales, parfois pilotées par des comités citoyens, émergent, autour de la notion de sécurité sociale de l’alimentation (que l’on nommera ci-après les initiatives SSA).
 
Peu de travaux existent encore sur les changements apportés par ces initiatives SSA, sur leurs liens avec la diversité des autres innovations sociales avec laquelle elles interagissent, en particulier à l’échelle territoriale. Ce projet de post-doctorat est ainsi une étape préliminaire dans un projet de recherche plus global visant à renseigner le pouvoir transformatif de ces initiatives SSA ainsi que les conditions et modalités de leur changement d’échelle. Pour ce faire, deux questions préliminaires seront spécifiquement traitées dans ce projet :

Q1 : Quelles sont les formes et fonctionnements de ces initiatives SSA ?
L’enjeu ici est de saisir ce qui singularise ces innovations sociales par rapport à l’existant. En particulier, elles apparaissent comme des innovations « composites », en articulation avec d’autres innovations existantes. Seront aussi envisagés les variants et d’invariants de ces initiatives. Tout cela permettra de mieux saisir leurs conditions et modalités d’impacts.
 
Q2 : Quels sont les impacts de ces initiatives SAA sur le SAAT, notamment en termes de contribution à la TAE ?
Les SAAT étant des objets complexes à saisir, nous faisons et traiteront les hypothèses spécifiques suivantes :
Les initiatives SSA sont des alternatives à l’aide alimentaire actuel dans un cadre de démocratie alimentaire tout en activant le SAAT.
Les initiatives SSA transforment les relations (compétitions, coopérations, déconnexion) entre les acteurs du SAAT, en activant notamment de nouvelles coopérations et en renforçant les entre agriculture et alimentation à l’échelle territoriale.
Les initiatives SAA permettent le développement de nouveaux imaginaires (attractifs ou répulsifs) chez les acteurs du SAAT quant aux voies possibles pour la TAE